Vous êtes sans doute nombreux à connaître la belle église Sainte-Quitterie de Massels et ses remarquables peintures murales. Mais connaissez-vous celle d'Aire-sur-l'Adour, dans le département des Landes?
Je vous propose d'évoquer quelques points de son histoire et de la visiter en images.
Cette église est classée depuis 1999 au Patrimoine Mondial de l'Humanité en tant qu'étape sur les chemins de Saint-Jacques de Compostelle, par la via Podiensis.

Elle date de la fin du XIe - début du XIIe et le chevet est encore roman. Le grand tympan gothique présente des scènes du Jugement Dernier, avec quelques traces de polychromie du XIVe.

Dans le choeur cohabitent un grand autel baroque (1771) et de belles arcatures et chapiteaux romans.

Dans la crypte, on peut voir le sarcophage du IVe siècle (en marbre blanc de Saint Béat) dit de Sainte-Quitterie. Cette jeune princesse gothe convertie au christianisme mourut décapitée par le fiancé qu'elle avait repoussé, le 11 des calendes de juin, en 472, 476, 477 ou 478. Aussitôt jaillit une source aux vertus miraculeuses. Guidée par les anges, elle aurait ensuite porté sa tête sur la colline où s'élève aujourd'hui l'église.
Ce mythe de la Légende Dorée concerne une trentaine de vies de saints, dits "céphalophores", dont certains très connus, comme Saint-Denis. On retrouve ce même thème dans les légendes galloises ou irlandaises, ce qui laisse supposer une origine celte.

Au Moyen Age, le culte de cette sainte connut un essor rapide en Aquitaine et dans tout le sud de la France, mais aussi en Espagne et au Portugal. Le chemin des pèlerins à Saint-Jacques passe toujours par la fontaine miraculeuse dont la tradition populaire a perpétué la légende.
De gauche à droite: Daniel dans la fosse aux lions, l'Eglise présentant devant elle la jeune défunte, le Bon Pasteur, la Synagogue (matrone romaine voilée) et le Péché originel.
A gauche, la résurrection de Lazare et à droite Dieu (vêtu de la toge romaine) créant l'homme.
Il semble que ce sanctuaire ait été bâti sur l'emplacement d'un temple dédié au dieu Mars, l'Eglise ayant toujours eu à coeur de sanctifier des lieux de culte païens afin de pouvoir revendiquer des sites anciens et chasser plus sûrement le paganisme. A la fin du XIe siècle, des moines bénédictins ont été chargés de la garde du tombeau, qui a contenu les reliques jusqu'au cours du XVIe siècle.
Sainte officiellement reconnue lors du Concile de Tolède en 589, elle est la patronne de la Gascogne et célébrée le 22 mai.